Le test de Ruffier : repérer votre niveau de fatigue
Le test
S’allonger au calme 5 minutes minimum avec son cardio.
1er relevé de FC au repos après cette préparation : Valeur P1.
Mise en place du test :
30 flexions complètes sur les jambes, bras tendus et pieds à plat, en 45 secondes.
2e relevé de la FC à la fin de la derniers flexion : Valeur P2.
Phase de récupération :
Immédiatement après les 30 flexions s’allonger, prendre une respiration profond et ample.
3e relevé de la FC 1 minute précise après la dernière flexion : Valeur P3.
Si la variabilité de la FC est une donnée pertinente pour apprécier son niveau de fatigue par l’évaluation du tonus sympathique, sa mesure demande une montre cardio ou un smartphone assez performant (prix élevé) et des transferts de fichier qui peuvent parfois décourager ceux et celles qui ne sont pas très copains avec un ordinateur.
Le test de Ruffier, beaucoup plus “rustique”, ne nécessite qu’un simple cardio d’entée de gamme.
Alors si les inconditionnels des nouvelles technologies vont à juste titre que ce test est quasi moyenâgeux, après un recul d’utilisation de plus de 25 ans sur de très nombreux athlètes je continue à penser que le Ruffier, très souvent, reste une valeur intéressante (parmi tant d’autres) pour évaluer le degré de fatigue du moment…
Bien évidemment comme pour tout test de fatigue il ne peut être pris isolément, une valeur unique ne peut apporter une indication fiable et objective.
Le test ne prendra son sens que dans le cadre d’un suivi longitudinal en comparaison à de nombreuses valeur antérieurs que l’on pourra apprécier une évolution des données relevées.
Le test de Ruffier Dickson, effectué régulièrement (2 à 3 fois par semaine), doit être réalisé impérativement avec un cardio (trop de marge d’erreur avec une prise de pouls manuelle).
Il est intéressant d’effectuer une courbe annuelle, retraçant son évolution à partir d’un test pris chaque semaine au lever et à jour fixe de repos.
La courbe d’un ensemble de valeur sur un mois au minimum me paraît intéressante.
A l’expérience des nombreuses courbes de progression que je peux suivre au quotidien à chaque fois qu’un sportif se trouve en situation de fatigue cela s’observe immanquablement sur les valeurs des Ruffier…
Le test de Ruffier s’inscrit dans une méthode dite “mixte” que j’utilise pour évaluer le niveau de fatigue d’un compétiteur.
En effet si les méthodes dites “objectives” (comme la VFC) autour de test sont non contestables, mon expérience m’a permis de voir que parfois elles ne prennent pas nécessairement totalement en compte l’état psychologique du compétiteur, ses soucis, ses émotions bref son environnement.
Il m’est arrivé de voir des RMSSD ou des Ruffier stable alors que l’athlète passe par une période de trouble psychologiques sévères l’affectant considérablement, avec un impact direct sur sa motivation par exemple.
Les perceptions subjectives de la fatigue ont aussi leur intérêt !
A mon sens l’évaluation de l’état de forme d’un compétiteur doit nécessairement prendre en compte un faisceau de paramètres environnementaux susceptibles de pondérer un état de forme et indirectement une optimisation des entraînements.
Dans le cadre d’un suivi personnalisé d’une préparation physique, je pense que l’essentiel est le contrôle d’un maximum de variables possibles.
Voilà pourquoi je ne compare jamais des valeurs de Ruffier d’un compétiteur à l’autre… cela n’a aucun intérêt et d’une subjectivité totale.
Au sein de cette réflexion du suivi de la récupération, le Ruffier (tout comme le RMSSD) m’apparaît comme un des outils complémentaire, simple et efficace pouvant se mettre en place avec un cardio basique à la portée de tous sur le plan financier.
(On peut s’entraîner tout à fait correctement sans se ruiner en matériel sophistiqué !)
Le processus de la digestion entraîne un afflux de sang vers l’estomac et les intestins ; ce qui entraîne une légère diminution de la pression artérielle et une augmentation légère et non systématique de la FC ; ces apparaissent souvent 10 à 15 minutes après la prise alimentaire…
Ne pas oublier non plus qu’au cours de la digestion la température corporelle augmente de quelques dixièmes de degré (la bactériémie post prandiale) des germes passent dans la circulation générale et cela entraîne un stress qui favorise la montée de FC.
Voilà pourquoi il est indispensable de réaliser toujours le test avant le petit déjeuner pour éviter les variations des valeurs de Ruffier.
En dehors de cette précaution le test peut se faire à n’importe quel moment de la journée… mais toujours au même moment choisi.
Au niveau Elite lorsque l’on exige de l’organisme de très grosses contraintes, alors là, chaque Ruffier du matin doit être pris en compte pour moduler si besoin les charges du jour sans en modifier le fondamental.
Rappel d’une des formules de calcul de la valeur du test (indice Ruffier).
Indice Ruffier = [(P2-70) + 2(P3-P1)] divisé par 10
Indice de 0 = excellent
0 à 2 = très bon
2 à 4 = bon
4 à 6 = moyen
6 à 8 = faible
8 à 10 = très faible
10 et au dessus = mauvaise adaptation
Analyse de la valeur P1 (1er relevé au repos)
P1 est révélateur de la qualité de la filière aérobie.
(Ce que l’on appelle “endurance fondamentale” ou encore “entraînement en aérobie” ou encore “travail foncier”)
Analyse de la valeur P2 (2e relevé après les flexions)
P2 est révélateur de l’adaptation à l’effort.
Un sujet particulièrement entraîné au travail en zone proche de la PMA verra les fruits de son travail sur cette valeur.
La qualité de l’entraînement se manifeste par une valeur P2 qui ne dépasse pas P1 + 1/2 de P1.
Analyse de la valeur P3 (3e relevé)
P3 est le révélateur du niveau de récupération de sportif.
Si le sportif est particulièrement bien sur ce registre, P3 sera même inférieure à P1.
En tout état de cause il ne doit pas dépasser P1 + 10 pour pouvoir “encaisser” de nouvelles charges d’entraînement.
C’est cette valeur qui doit être prise avec une très grande attention.
Si elle monte à P1 + 15 la récupération est faible il faut ralentir l’intensité des entraînements.
Si elle monte à P1 + 20 on doit alors soupçonner une forte fatigue, le surentraînement n’est plus très loin…
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