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Le burnout du sportif, quand la dépression sévère menace

Le burnout du sportif, quand la dépression sévère menace

Avertissement :

Ce qui suit s’appuie sur une analyse croisées de différentes études menées par des chercheurs depuis de longues années sur le sujet, je pense notamment à ceux de Sabine Afflelou (université de Bordeaux).

Le burnout sportif s’apparentant à une dépression sévère, ayant un impact sur l’avenir sportif et la vie même de l’athlète.

Il prend la forme d’un état dépressif majeur, associé à une rejet pour la pratique.

Cet état, qui pourrait en apparence se confondre avec un état de surentraînement, s’en distingue par plusieurs aspects (étude de Debois).

Le burnout est foudroyant contrairement au surentraînent qui peut venir progressivement, on peut l’associer à l’image d’une “crash en plein vol”. Vallerand et son équipe ont montré que le burnout menace souvent les athlètes en pleine progression de leur carrière, et pas toujours capables de percevoir les signes d’alerte.

Néanmoins, il y a consensus chez les experts à décrire des facteurs prédisposants qui permettent de s’interroger sur une sorte de vulnérabilité individuelle préexistante qui se manifeste par des troubles de l’humeur fréquente, une certaine anxiété, une tendance à l’évitement parfois.

Le profil “psychopathologie” est en tous les cas celui de la dépression classique avec toute la panoplie des symptômes notamment la remise en cause de son avenir et parfois des idées noires suicidaires dévoilées aux meilleurs copains ou copines.

Selon Meeusen classiquement c’est l’évitement de la situation sportive (et de tout ce qui y fait référence) qui va constituer l’indicateur permettant de dire que l’on est confronté à un épisode de burnout.

Contrairement au surentraînement où le sportif a tendance à augmenter ses charges d’entraînement pour compenser la baisse des performances.

En effet de nombreux études de cas (Debois, Smith) révèlent que le burnout est souvent le signe précurseur d’une interruption définitive de la carrière sportive.

Pour faire court le sportif victime d’un burnout retrouvera sa santé physique et psychique en stoppant sa carrière, contrairement au sportif surentraîné qui aura dans sa tête une reprise évidente après une période de repos.

Il n’existe pas nécessairement un lien entre une surcharge d’activité sportive et la détresse psychologique de l’athlète en burnout.

Très souvent l’athlète manifeste une incompatibilité entre les exigences compétitives du haut niveau et ses propres motivations pour sa pratique de l’activité, “je veux faire autre chose”…

En fait tout se passe comme si les motivations intrinsèques liées au plaisir de pratiquer s’opposaient aux motivations extrinsèques liées à la notion de performance et victoires.

On dort, on vit, on mange, on pense performance.

Lemyre montre que le burnout menace tout particulièrement tel sportif qui plaçant le sport au centre de sa propre identité (sans le sport il n’existe pas pour faire court), et qui parallèlement est vulnérable sur le plan psychologique.

Ce processus de burnout viendra lorsque l’athlète se verra dans l’incapacité momentanée à maintenir son niveau de performance pour de multiples raisons.

Sabine Afflelou de l’université de Bordeaux qui a travaillé le sujet en profondeur évoque ” une tendance à une immaturité affective majoré par la centration sportive”.

Le risque est grand lorsque l’athlète est jeune d’un excès de centration sportive avec une prégnance de l’entraînement intensif… on dort, on vit, on mange ski, trail, vélo, aviron…

Cette focalisation extrême va conduire ainsi à interdire toute forme d’esprit critique qui va inévitablement fragiliser d’autant l’athlète.

Celles -ci sont assez bien résumées par Federer, quelques minutes après sa victoire sur Djokovic à Dubaï…

Que dit -il ?

“Je travaille dur et voyage beaucoup en faisant des sacrifices et en espérant que ça paiera dans les gros matches. J’ai vécu une semaine merveilleuse et maintenant je suis pressé d’attaquer un nouveau tournoi”.

  • “Je travaille dur…”

Le fameux “No pain, No gain”.

Même lorsque l’on est considéré comme le meilleur joueur de tennis de l’histoire on a encore besoin de travailler dur.

  • “…Je fais des sacrifices…” 

Ici Rodger abord la nécessaire mise en relation entre l’objectif que l’on se fixe et les moyens que l’on se donne pour l’atteindre.

Cela demande de la cohérence, de la lucidité…a quoi bon se sacrifier si on n’atteint pas le but de son sacrifice ?

  • “…Je suis pressé d’attaquer un nouveau tournoi.”

Cette indispensable et perpétuelle flamme du désir, de la passion et donc du plaisir…

On ne fait bien que ce que l’on perçoit comme utile et motivant pour soi.

Cela est vrai du jeune enfant apprenant à lire… au sportif Elite.

Une méta analyse de 58 études concernant le phénomène de burnout sportif réalisée en 2007 (Goodger) relève les facteurs les plus fréquents :

  • Épuisement.
  • Désengagement.
  • Sentiment d’inefficacité. 
  • Chute de la motivation.
  • Perte de confiance en soi.

Avec des sentiments qui persistent même après une récupération efficaces et des valeurs de variabilité de la Fréquence Cardiaque acceptables. 

Je n’ai jamais placé Rodger au rang d’une divinité, c’est toujours plus facile de garder le moral lorsque l’on a du talent, une santé de fer et de l’argent… comme tout homo sapiens l’homme a ses défauts… néanmoins la gestion de sa motivation reste un exemple…

Par delà les cas particuliers positifs ou négatifs, la performance d’un sportif, quel que soit son niveau, ne se résume pas à un empilement de séances magnifiquement préparées ou un dosage précis et subtils de compléments alimentaires, c’est aussi et peut-être avant tout un mental, des émotions, une motivation…

et cela aussi peut s’entretenir, s’améliorer, s’enrichir…

Sabine Afflelou (université de bordeaux) 

Surentraînement et burnout

http://www.canal-u.tv/?redirectVideo=3167

Freudenberger (1974) 

Staff burnout. 

édition Journal of social issues 

Goodger (2007)

Burnout in sport: a systematic review. 

édition : The sport psychologist 

Maslach. (1981) 

The measurement of experienced burnout. 

édition : Journal of occupational behavior 

Meeusen (2006)

Prevention, diagnosis and treatment of the Overtraining Syndrome. 

édition : Eur J Sport Science 2006 

Smith R. (1984) 

The dynamics and prevention of stress-induced burnout in athletics. primary care 

édition : Revue française de sociologie

Debois (2008)

Surentraînement et burnout, comment les repérer chez l’athlète

édition : revue AEFA

Vallerand (2007)

On the role of passion in performance 

édiiton : journal of personnality 

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