Les CPK, enzymes témoins de la récupération
Avertissement :
L’article risques d’apparaître pour certains “ardu” et très technique, “prise de tête” comme on dit maintenant pour être dans le coup.
Mon intention est de simplement vous montrer en quoi il est illusoire de croire que l’on peut enchaîner des ultras longues distance sans affecter durablement l’organisme avec un risque sérieux de blessure à la clé…
Ma conception du sport étant prioritairement d’associer la “performance” et “la santé” je pense qu’il est parfois utile de rappeler comment fonctionne notre organisme…qui est tout sauf une machine “no limit” !
Un marathon = 30 jours de récupération.
Jeff GALLOWAY un des meilleurs spécialistes sur le sujet de la récupération de coureurs de longues distances a montré par des analyses pointues et sur de très nombreux marathoniens qu’une récupération complète d’un marathon par un athlète de haut niveau est de 30 jours.
Un des marqueurs de cette fatigue est la présence dans l’organisme de l’enzyme CPK (Creatine Phosphokinase).
Ces enzymes CPK sont des véritables substances caractéristiques d’un effort physique.
De nombreux chercheurs ont travaillés sur ces enzymes souvent en lien à des travaux de recherche sur les troubles cardiaques.
Je pense à GLAISTER ou encore GARRY qui ont travaillé sur le temps de présence prolongée dans l’organisme de substances caractéristiques d’un effort physique intense.
Les CPK (Creatine Phospho Kinase) sont des enzymes cellulaires qui participent au transfert d’énergie dans la cellule.
Un peu plus précisément tout en essayant de faire le plus simple possible.
pour ceux et celle qui s’intéressent de plus près à la physiologie sportive et qui connaissent un peu le mécanisme de la production d’énergie : les CPK sont utilisés dans le métabolisme anaérobie alactique pour resynthétiser l’ATP à partir d’ADP et de PhosphoCréatine…
Il existe 3 types de CPK :
- CPK-BB dans le cerveau (essentiellement)
- CPK-MM dans le muscle (essentiellement)
- CPK-MB dans le cœur (essentiellement)
Il y a 3 grands marqueurs de la destruction des cellules musculaires au cours d’un effort extrême :
- La montée des LDH (ces grosses bêtes s’appellent aussi lacticodeshydrogénases).
- L’augmentation de la myoglobine.
- Et l’augmentation des CPK.
Et précisément c’est le taux de CPK qui mettra le plus de temps pour revenir à une normalisation.
En effet suite à cet effort l’organisme va pouvoir puiser dans ces réserves, et une réaction va se déclencher pour reconstituer les réserves d’énergie.
Cette réaction s’appelle une catalyse : à partir de la créatine phosphate on va ainsi obtenir et reconstituer la fameuse adénosine triphosphate.
[adénosine-triphosphate + créatine adénosine-diphosphate + créatine phosphate]
La persistance des CPK plusieurs jours après un effort est en lien direct avec la sévérité de l’effort et donc l’importance des microlésions dus à cet effort.
2 à 3 semaines de travail de récupération
Après une épreuve d’ultra longue distance en course à pied (pratiques très traumatisantes pour les muscles, les tendons) on retrouve encore des signes CPK présents à 2 à 3 semaines.
D’où l’importance renforcée des temps de surcompensation.
Il arrive même, dans des cas extrêmes, d’observer les symptômes cliniques d’un finischer d’ultra identiques à ceux des ensevelis des tremblements de terre ou accidentés de la route suite à des écrasements musculaire très fort qui déclenche une apparition très importante de CPK. On appelle cela le “crush syndrome”.
Il est bon de rappeler qu’un des symptômes de la maladie dite “anomalie de le béta oxydation mitochondriale” est précisément un taux de CPK très élevé associé à des crampes sévères…
Voilà une des raisons pour laquelle je fais tout pour dire et redire qu’il n’est pas raisonnable de poursuivre un effort en allant de crampes sur crampes, chaque crampe étant synonyme d’une lésion plus ou moins importante… et d’une très forte élévation des CPK.
Tiens tiens voilà un élément objectif qui devrait permettre à chacun et chacune de se faire un opinion objective sur la crédibilité des compétiteurs explosant des chronos sur des courses d’ultra endurance toutes les 2 semaines… et tout cela sans la moindre baisse de performance…
GALLOWAY (1995)
“Better Runs”
édition : Human Kinetics Publishers
GALLOWAY (2001)
“Marathon: You Can Do It!”
édition : Shelter Publications
GLAISTER (2005)
“Multiple sprintwork physiological responses, mechanisms of fatigue and the influence of aerobic fitness”
édition : Sports Med
GARRY (2000)
Il a étudié les effets des CPK sur des footballeurs professionnels :
“Postcompéttion elevation of muscle enzyme level in professionel football players”
édition : Med.Gen.Med
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