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La PPG, un concept à faire évoluer

La PPG, un concept à faire évoluer

Je reprends un sujet souvent relatif aux concepts de PPS et PPG.

Ceux-ci sont mangés un peu à toutes les sauces.

Parfois on les utilise pour qualifier un cycle de plusieurs semaines, et quelquefois pour indiquer un contenu de séances.

    Au risque de bousculer des idées bien ancrées je trouve ces concepts de PPS et PPG, un peu “poussiéreux” au regard de ce que l’on sait des principes de l’individualisation de la préparation physique aujourd’hui et des outils d’évaluation à notre disposition pour mesurer les points forts et faibles de chacun.

    En effet aujourd’hui lorsque l’on aborde la notion de phase de la programmation on ne s’accroche plus vraiment sur ces sacro-saints concepts un peu anciens et beaucoup trop schématiques voir caricaturaux.

    Alors certes le brave MATVEIEV était sans nul doute un précurseur en son temps (avec certaines données encore d’actualités). mais voilà son schéma de programmation date quand même un peu. c’était en 1983. 30 ans !

    Source :

    L.P MATVEIEV aspects fondamentaux de l’entrainement, 1983.

    Édition Vigot, collection sport et enseignement

    Aujourd’hui, pour celui ou celle qui voudrait aborder la problématique de sa programmation en terme d’individualisation de sa réflexion, il me semble essentiel de porter la réflexion sur 3 indicateurs, en amont à la construction de sa programmation.

    • Le “déjà-là” (les acquis déjà en place) les points forts, les expériences acquises.
    • Les points à renforcer ou acquérir.
    • La réponse à la question essentielle à se poser avant la mise en place à toute plannification.

    Quels sont les critères de réussite de mon objectif ? (ce que l’on appelle aussi “les composante de la performance”)

    On ne se prépare pas de la même manière si le pic de forme est positionné pour l’UTMB ou pour l’Ecotrail de Paris ou encore pour “Marseille-Cassis”.

    Eh oui les ingrédients pour réussir l’UTMB ne seront pas tout à fait les mêmes que pour réussir l’Ecotrail de Paris. ou Marseilles-Cassis !

    Ce travail préalable permettra ensuite de baliser sa préparation en plusieurs étapes dont chacune aura pour but de préparer à la suivante, avec en fil directeur la montée en puissance qui conduira au fameux pic de forme.

    On pourrait dès lors avancer très schématiquement (et donc elle aussi un brin caricaturale) la structure suivante en 4 étapes :

    • Mise en place d’une première étape dont l’objectif visé serait la recherche d’un développement des qualités physiques déterminés non pas de manière “générale” mais déjà ciblée en fonction de chacun au regard :

      • de la pratique compétitive visée

      • de son potentiel

      • des points faibles a améliorer

    Si Pierre à son test d’effort révélant un seuil anaérobie plutôt bas, il axera son travail sur ce point.

    Si Hélène a sa récupération non optimisée c’est sur cette problématique qu’elle tentera d’améliorer les choses.

    etc.

    • La seconde étape entrerait un peu plus dans le vif du sujet.

    Il s’agirait alors de se pencher très directement sur les composantes de la performance qui seront à mettre en oeuvre sur l’objectif visé.

    Par ailleurs, à cette étape on renforcera ses point forts.

    Denis se prépare à un trail très technique avec un très fort D+ cumulés et des descentes très cassantes et très raides

    Sa préparation serait alors orientée pour lui permettre d’encaisser ce type de relief, le travail de la puissance sera une de ses priorités bien qu’il est de solides acquis dans ce registre, accompagnée d’un travail appuyé sur sa technique de descente (c’est un de ses points qui reste faible).

    • La troisième étape aurait pour mission de favoriser une harmonisation de l’ensemble des facteurs de la composante de la performance.

    Là il s’agirait d’acquérir le rythme en travaillant tous les points simultanément que l’on a pu renforcer de manière analytique dans les 2 étapes précédentes.

    • Une quatrième étape pourrait éventuellement être dissocier de cette troisième étape ; ce serait la phase de l’affûtage final qui sera alors constitué des dernières réglages pour arriver à l’état de condition physique optimale que l’on nomme le “pic de forme”.

    Et tout cela sur le principe de l’alternance entre les temps à forte charge de dégradation du potentiel de l’organisme. et ceux de surcompensation.

    Ne prenez surtout pas à la lettre ces quelques lignes, vous avez pu le voir j’utilise le conditionnel pour m’exprimer.

    D’un compétiteur à l’autre le cadre varie.

    Il est en effet difficile de comparer la structure possible de la programmation d’un compétiteur se positionnant de manière très ciblée sur une période donnée de trails avec un objectif majeur (UTMB, Templiers ou autres) avec un athlète enchaînant sa saison de ski alpinisme avec celle des trails. et pour chacune d’elles des objectifs ciblés.

    Je pense que chaque type d’activité à sa propre spécificité, voilà pourquoi si on veut optimiser sa préparation il est essentiel de sortir de schémas généraux, aussi brillant soit-ils, ils ont leurs intérêt. et leurs limites !

    La préparation physique ne se fractionne pas comme un saucisson coupé habilement en tranche bien calibrée, elle se construit en fonction de nombreux paramètres. et pas vraiment en fonction de tel ou tel modèle théorique !

    A mon sens on doit d’abord procéder à une évaluation fine du chemin à parcourir pour arriver à la performance pour tenter ensuite de trouver la meilleure modélisation (et c’est là qu’intervient l’exploitation des modèles théoriques) en se donnant les meilleurs moyens d’améliorer les qualités requises pour atteindre son objectif.

    Plutôt que faire l’inverse, à savoir tenter coûte que coûte à se plaquer des modèles de préparation issues de telle ou telle chapelle.

    On ne peut pas plaquer un modèle de préparation physique d’un handballeur avec celui d’un traileur.

    Pas plus que l’on pourra calquer la préparation physique d’un traileur avec celle d’un skieur alpiniste.

    Pas plus que l’on pourra calquer la préparation physique d’un traileur visant la performance sur des KMV ou trail court à celle d’un spécialiste d’ultra.

    Il me semble important de bien différencier les composantes de la performance dans le sport visé.

    Lorsque l’on parle de “force” on est sur les capacités biomécaniques (force, puissance souplesse).

    Il s’agit du volet des ressources biologique qui vont, pour partie seulement, déterminer la performance.

    Mais ce n’est pas le seul.

    Pour un traileur avec des durées d’effort dépassant très souvent les 4h les capacités bio-énergétiques (travail aérobie strict, travail au seuil 1) sont largement aussi importantes à développer !

    Personnellement je reste convaincu que pour développer durablement une capacité biologique (quelle soit mécanique ou énergétique) il est important de développer parallèlement la capacité maximale (pour faire court : la quantité totale) et l’intensité maximale (schématiquement : la puissance). avec une dose de proportionnelle (comme on dirait en politique.) qui va dépendre étroitement de l’évaluation diagnostique des besoins de chacun.

    Et je ne parle pas du volet psychologique et de la gestion mentale de l’effort. autre point tout aussi essentiel dans la performance en compétition.

    Le concept du CONPHYTECH

    Il s’agit d’une modélisation mise au point par Alain Jousselin et repris par Frédéric Aubert sur un cadre spécifique qui était celui d’une rélexion menée sur la préparation Physique à la vitesse (des rugbymens, des sauteurs ou des sprinteurs). et pas franchement pour un sportif visant une performance sur une course dite de fond.

    Lorsque les concepteurs de cette méthodologie abordnt e une démonstration par un exemple de sprint/saut. la légitimité de leur démonstration reste sur ce registre de pratique. Je reste très prudent sur la mise en parallèle d’un travail d’endurance de vitesse à celui de l’endurance de force.

    En terme de course de longue durée je préfère m’appuyer sur la légitimité d’un entraineur chercheur et professeur de physiologie comme Grégoire Millet qui est à mon sens la référence en terme de recherche sur l’ultra et pratiquant de très haut niveau (récent 2e du Tor des Géants quand même).

    Guillaume MILLET, “Plaisir, performance et santé”

    Outdoor Édition, 2012

    Un ouvrage d’exception pour tout amateur d’ultra !

    Frédéric Aubert concepteur de CONPHYTECH le dit lui même :

    “La vitesse est l’aristocratie des qualités physiques en dehors des épreuves de durée et des courses de fond.”.

    Frédéric AUBERT (F.) ” Educatifs de course : rôle des gammes dans la pratique athlétique. Revue de l’A.E.F.A. n°158, 2000.

    Frédéric Aubert illustre par exemple sa démarche en s’appuyant sur l’exemple spécifique du saut et du travail pliométrique chez Heike DRECHSLER. sauteuse en longueur (championne olympique du saut en longueur en 2000 à Sydney). 

    Je me garderai donc d’extrapoler le fameux concept des séances associant systématiquement Condition Physique et Technique, le fameux « CONPHYTECH » développé par Alain JOUSSELIN et repris par Frédéric Aubert sur la problématique d’un traileur ou d’un skieur alpiniste !

    À mon sens ce serait une erreur dans la préparation d’une épreuve de durée et des courses d’endurance que de vouloir le plus souvent possible mettre en place des séances dont l’objectif visé serait de relier la vitesse aux formes gestuelles, aux cadences ou aux rythmes du geste.

    À ce propos lorsque Frédéric Aubert aborde la notion d’endurance c’est en lien direct à la notion très ciblée de l’endurance de vitesse. et là encore il illustre son propos en prenant comme exemple Monique EWANJE-EPEE. spécialiste du 110m haies.

    On est donc assez loin des conditions qui vont permettre de développer l’endurance de force, qualité indispensable pour un traileur ou un skieur alpiniste voir un cycliste visant des performances en montagne.

    Pour ceux et celles qui voudrait en savoir plus, l’original étant toujours mieux qu’un copier coller de celui-ci, ce fameux concept du “CONPHYTECH” (condition physique et technique) est bien décrit ici :

    Frédéric AUBERT, Thierry CHAUFFIN, Les courses 

    revue EPS ; de l’école aux associations 

    (un ouvrage remarquable initialement destiné prioritairement aux profs d’EPS)

    On doit jouer la prudence lorsque l’on parle des transferts.

    La classique notion de VMA en côte. ne veut pas dire grand chose !

    Tout traileur ou skieur alpiniste l’a rapidement constaté !

    Alors certes si la VMA n’a rien à voir avec le profil du terrain mais reste sur un critère de consommation d’oxygène.

    Mais si on aborde la vitesse sur une pente on doit parler alors de VMA ascentionnelle !

    Alors bien évidemment, fondamentalement on parle bien toujours de la même chose à savoir cette fameuse vitesse au delà de laquelle la consommation d’oxygène va rester constante et la puissance supplémentaire exigée par une vitesse plus rapide assurée par la filière anaérobie.

    Mais voilà quel traileur lors d’une montée avec du bon “droit dans le pentu” n’a pas ressenti ses jambes bruler avant d’avoir le cœur qui s’emballe ?

    Cette capacité à franchir la bosse est totalement en lien à la VMA ascensionnelle de l’organisme ainsi qu’à la puissance qu’il va pouvoir mobiliser sans pour autant se cramer.

    Pour moi la VMA ascentionnelle (exprimée en m/seconde ou en m/heure suivant les cardio) est d’ailleurs le meilleur indicateur d’un niveau de % d’intensité.

    Encore une fois lorsque je constate que des marathoniens avec un excellent niveau de VMA se “ramassent” sur un trail face à des traileurs au demeurant bien plus modeste marathoniens je me dis de manière très pragmatique que les tests de ne sont pas en soi suffisant pour construire les fondamentaux d’une planification.

    On peut avoir une excellente VMA et se retrouver scotché dans les montées par des adversaires ayant travaillés l’endurance de force. en lien direct à la VMA ascensionnelle.

    Tiens juste un exemple. je ne le citerais pour des raisons de confidentialité (même sur un forum cette notion peut encore avoir du sens) mais je connais fort bien un skieur alpiniste de très haut niveau avec une VMA qui en toute logique devrait le voir plutôt à l’arrière des copains. 

    Hors au regard du nombre de timbales mondiales déjà autour du coup je me dis que la donne ne doit pas être le seul paramètre en jeu chez ce compétiteur. qui, faut-il le préciser ne gagne pas des courses de niveau mondial uniquement sur ses qualités de descendeurs !

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