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Les données scientifiques de vos montres : Utiles ou simples gadget ?

Les données scientifiques de vos montres : Utiles ou simples gadget ?

SUUNTO => “Epoc” 

POLAR => “test Ownoptimizer” 

Tentative d’explications sur ces mesures… 

Ce test est en réalité une adaptation du classique test de variabilité de Fréquence cardiaque (pour faire court il s’agit de la mesure des intervalles de temps entre deux battements cardiaque).

Il est censé permettre de diagnostiquer une faiblesse (hypotonie) de la branche sympathique de votre système nerveux autonome (c’est à dire cette partie du cerveau que nous ne maîtrisez pas).

Le test OwnOptimizer Polar est basé sur la mesure de 5 paramètres de la fréquence cardiaque. 

Deux de ces cinq valeurs sont calculées au repos, la première en se levant et la deuxième en étant debout. 

Chaque fois que vous effectuez un test, le cardio-fréquencemètre enregistre les données de fréquence cardiaque et les compare aux résultats précédents.

Je reste très prudent sur la fiabilité de ce test j’ai plusieurs fois observés de la part des athlètes un décalage entre ce qu’ils ressentent et ce que donne la montre. L’interprétation de cette modélisation Ownoptimizer est assez complexe et Polar ne donne aucune info précise sur le modèle… 

On a l’impression d’avoir une sorte de “boite secrète” et avec mon esprit assez cartésien cela me déplaît assez.

“excess post_exercise oxygen consomption” 

Cela correspond à une mesure relevant la quantité supplémentaire d’oxygène utilisée par l’organisme pour récupérer après un exercice physique qui a provoquée une dette en oxygène.

Une valeur dépendante du niveau initial paramétré

Le modèle qui relie l’EPOC à l’effet d’entraînement tient compte du niveau de l’athlète.

Et c’est là que les chose se gâtent, en effet si ce niveau n’est pas correctement entrer au départ (en tenant compte des conseils du manuel) tout sera faussé.

Cet étalonnage externe est une vraie contrainte ! 

Il vous obligera à faire régulièrement une course de “référence étalon” de 45′ environ en aérobie strict (autour des 70% de Fc max) un jour ou vous êtes en forme et de rentrer ensuite votre niveau (noté de 1 à 10) pour atteintre un effet d’entraînement de 3 ou 3,5/5.

Sans cet étalonnage externe de la montre le “joujou” ne sert à rien !

Une valeur proportionnelle à la durée et l’intensité de l’effort 

Plus l’exercice est intense et long, plus l’EPOC est significative et relèvera un fort besoin en oxygène pour récupérer des fortes consommations.

Un indicateur de niveau de récupération 

L’EPOC tout comme le test OwnOptimizer de Polar sont donc étroitement liée au niveau de récupération (et de fatigue) du moment.

Ces mesures permettent de repérer avant tout le niveau de perturbation générale de l’organisme dans sa capacité à retrouver l’ équilibre causée par l’effort produit.

Des valeurs élevées d’EPOC ou de OwnOptimizer sont généralement atteintes lors de la pratique de sport d’endurance avec de fortes variations d’allures avec des phases plus ou moins longues de récupération (trail, ski alpinisme, match long de tennis).

De même les conditions environnementales conditionnent l’ élévation des données (forte altitude, température élevée, fort taux d’humidité).

Si l’EPOC a été présenté comme capable de tout prédire dans le début des années 2000 depuis les choses ont changés…

Les travaux des Finlandais Saalasti (2003) puis ceux de Seppänen (2005) ont un peu pondérer les ardeurs de ceux qui nous faisaient passer l’EPOC comme la solution miracle pour calibrer un effort… et au passage nous “refourguer” des montres hors de prix au motif qu’elles avaient cette option !

Polar pour ne pas se retrouver à la rue à lancer le test OwnOptimizer mais celui-ci n’échappe pas à la remarque !

De nombreuses zones restent à peaufiner sur les variations de l’EPOC à l’effort. 

Le “joujou” fascine…mais il reste à éclaircir certains des mécanismes physiologiques responsable des évolutions de l’EPOC en cours d’effort.

L’EPOC reflète principalement les propriétés de l’exercice aérobie et, par conséquent, ne reflète pas de façon optimale l’épuisement dû à la fatigue musculaire locale ou à la rapide et excessive accumulation des ions H+ et par voie de conséquence la saturation de l’effet tampon pour les évacuer (ce que l’on appelle encore la charge lactique).

Assez classiquement l’analyse des courbes d’EPOC que je fais quotidiennement de courses d’endurance montre assez souvent, un pic de l’EPOC autour des 90′ après le départ…

A ce jour il n’y a pas de consensus pour expliquer de manière irréfutable ce pic…

Sur un ultra notamment on peut je me suis souvent retrouvé face à des zones de valeurs d’EPOC faibles bien que le traileur sur ces zones soit épuisé ou inversement en regain de forme.

La non prise en compte des données hormonales 

L’EPOC reste une donnée incomplète, en effet l’exploitation de l’oxygène est fortement dépendante de la température corporelle et des concentrations hormonales sanguines (adrénaline et noradrénaline notamment).

L’EPOC tout comme le test OwnOptimizer sont fiables en tant que valeurs, ce qui est à prendre avec prudence ce sont les interprétations que l’on peut en faire. 

Même si l’EPOC ou le OwnOptimizer sont des données intéressantes, il faut savoir rester mesuré : un seul marqueur ne suffit pas à apprécier le niveau d’intensité d’un effort ou de récupération à cet effort.

Ce qui est important ce n’est pas de prendre ces paramètres comme des indications 100% révélatrices de l’effet d’entraînement mais comme une indication relative. 

A titre personnel j’utilise ces données en les incluant dans un ensemble de paramètres pouvant me permettre d’apprécier le niveau de fatigue et de récupération de l’athlète.

De nombreux travaux ont été réalisés sur l’EPOC en particulier, les experts en la matière restent les finlandais :

Travaux de RUSKO (2003)

Rusko, H.K., Pulkkinen, A., Saalasti, S., Hynynen, E. & Kettunen, J. (2003).

“Pre-prediction of EPOC: A tool for monitoring fatigue accumulation during exercise?” 

édition : Medicine and Science in Sports and Exercise

Travaux de LAURSEN (2002) 

Laursen, P.B. & Jenkins, D.G. 

“The Scientific Basis for High-Intensity Interval Training. Optimising Training Programmes and Maximising Performance in Highly Trained Endurance Athletes.”

édition : Sports Medicine

Travaux de SAALASTI (2003) 

Neural networks for heart rate time series analysis. 

édition : thèse de l’Academic Dissertation, University of Jyväskylä, Finland.

Travaux de SEPPÄTEN (2005) 

Effect of increased velocity and duration of running on training load as evaluated by EPOC. 

édition : Thèse de University of Jyväskylä, Department of Biology of Physical Activity. 

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